Les deux dimanches prochains nous parle de la prière, à partir des deux paraboles où Jésus met en scène des priants que l’on ne mettrait jamais en exemple : une veuve et un publicain. Leur point commun ? La pauvreté. Leur prière vraie jaillit d’un manque, d’une carence.
La veuve vit une détresse sociale. Sans mari, sans défenseur, sans influence, elle ne possède que sa bonne volonté et son entêtement. Elle ne discute pas, elle ne prouve rien, elle répète sa demande comme on frappe à une porte qui ne s’ouvre pas. Sa persévérance n’est pas celle d’une personne forte, mais celle de quelqu’un qui n’a plus que Dieu comme recours. Et Jésus affirme : si un juge insensible, sans foi ni loi, finit par céder, combien plus Dieu se laissera-t-Il toucher.
Le publicain, lui, porte une détresse intérieure. Méprisé par les autres et conscient de sa faute, il ne s’avance pas avec une fierté pharisaïque. Il baisse les yeux, se frappe la poitrine, dit simplement : « Mon Dieu, prends pitié du pécheur que je suis. » Il ne se cache pas derrière des apparences, il expose sa misère – et c’est cela qui ouvre l’espace de la grâce, la miséricorde divine.
Dans ces deux récits, la prière n’est ni performance, ni devoir, ni calcul. Elle n’est que confiance mise à nu de ses misères. Elle naît là où l’on n’a plus de certitudes à faire valoir, mais assez de foi pour croire que Dieu écoute et se laisse toucher. Le pauvre et l’humilié ne forcent pas Dieu : ils Lui donnent d’aimer et de manifester sa tendresse.
Ainsi, prier, ce n’est pas d’abord “faire quelque chose pour Dieu”, mais se laisser rejoindre par Lui. La veuve et le publicain nous rappellent que le Seigneur ne se laisse pas impressionner par les forts et les « purs », mais Il se laisse toucher par ceux qui s’abandonnent entre ses mains. Et c’est là que commence la vraie prière, celle qui rend juste par sa foi et sa confiance.
Père Roger+