Entendre et se laisser atteindre

Qu’est-ce que la publication du rapport de la CIASE*, le 5 octobre, a suscité en moi ?

Etonnement, choc : devant l’ampleur du mal qui a gangrené et qui gangrène l’Eglise.

Tristesse, douleur, souffrance : Tristesse devant tant de vies brisées, détruites par une œuvre de mort, par des crimes qui blessent pour des décennies les corps et les cœurs.

Douleur de réaliser que pour tant de personnes, le visage de Dieu a été perverti, déformé, qu’ils ont ainsi été empêchés de découvrir la beauté de son Visage, la bonté de son Cœur, la pureté de son Amour.

Souffrance de penser que tant de frères et sœurs en Christ aient pu en arriver là, à laisser le mal entrer en eux si profondément et nuire à ce point aux autres.

Espérance : c’est une chance, une grâce que le mal soit identifié, nommé, dénoncé. D’abord, la libération de la parole est une étape décisive sur le chemin de guérison des victimes. Ensuite, c’est la condition pour sortir de cette situation et parvenir à une situation plus saine et une Eglise plus authentiquement porteuse de l’Evangile.

Il y aura des leçons à tirer de ce rapport, et cela prendra du temps. Pour l’heure, il s’agit d’entendre. Entendre les révélations qu’il contient ; et surtout entendre la parole des victimes, qui doivent rester au centre. Pour une victime en parler est très difficile, et ne pas être écouté est une double peine. Ecouter les victimes, c’est aussi se laisser atteindre « aux entrailles », entrer dans la compassion.

Terminons en laissant la parole à une victime :

« C’est une page qui, dans ma vie, ne pèse plus aussi lourd qu’avant. Parce qu’une fois qu’il y a eu verdict et qu’on est reconnu victime, il y a déjà une espèce de poids qui s’en va »**.

P Benoit Leclerc

*CIASE = commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise

**Extrait du recueil de témoignages adressés à la CIASE (recueil disponible sur ciase.fr)

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