Au milieu du carême, l’évangile du 3e dimanche nous montre Jésus chassant les vendeurs du Temple de Jérusalem. Pourtant, avec eux, les affaires de Dieu tournaient à plein régime. Que leur reprochait Jésus ? Ils offraient un réel service aux centaines de milliers de personnes devant offrir des sacrifices, selon la Loi de Moïse. Mais la prospérité du Royaume de Dieu se mesure-t-elle au chiffre d’affaires réalisé ou à la masse des personnes mobilisées ? Dieu n’est-il pas davantage sensible à la qualité de notre relation avec lui qu’à la quantité des oeuvres accomplies ? L’évangile du 4e dimanche de carême donne la clef :
Il faut que le fils de l’homme soit élevé pour qu’en lui, tout homme qui croit ait la vie éternelle.
Ainsi, Dieu fait de nous ses enfants en passant par ce qui semble, aux yeux du monde, l’échec le plus total.
Dans ce temps de conversion du carême, Jésus appelle à convertir notre conception de la religion. Il ne s’agit pas de faire de la religion quelque chose qui tourne mieux, mais de suivre Jésus jusqu’à la croix. On ne peut estimer la fécondité de l’Eglise à partir de son look, de sa modernité, de son pouvoir ou de son influence, ou de quelque critère par lequel on mesure la réalisation de soi ici-bas. Car l’émergence en chacun de nous du fils de Dieu, que nous devons devenir, nécessite surtout, en nous, la mort du vieil homme et l’humble acceptation de la grâce divine. C’est pourquoi le Christ doit être élevé sur la Croix, de même que le serpent de bronze fut élevé dans le désert où cheminait le peuple de l’exode en marche vers la terre promise.
Marchons à sa suite, Pâques est au bout du chemin.
Père Jean-Pierre Durand