« Vous serez pour moi une nation sainte », dit le Seigneur en faisant alliance avec son peuple au Sinaï (Exode 19, 6). En relisant ce texte, en ce 11e dimanche du temps ordinaire, juste après la fête du Saint Sacrement, nous éprouvons la crainte de l’auteur de L’Imitation de Jésus Christ (IV, 1, 1) : « Le souvenir de mes fautes m’effraye, et ma conscience impure m’éloigne de ton saint Mystère. Je suis attiré par la douceur de ta voix et retenu par le poids de mes péchés ». Pourtant, bienheureux celui qui perçoit la sainteté de Dieu et son état de pécheur, il commence à être éclairé de la présence divine.
« Voilà que les cieux des cieux ne peuvent te contenir » (1 Rois 8, 27). « Les anges et les archanges se prosternent devant toi, les saints et les justes tremblent, et tu dis : ‘Venez tous à moi’ (Mt 11, 28) ! Si ce n’était ta voix, Seigneur, qui parlait, qui aurait l’audace d’obéir et de se placer près de toi ? … Certains hommes passent leur temps à courir d’un endroit à l’autre pour voir les reliques des saints, à écouter avidement le récit de leurs vies, à visiter d’innombrables églises pour s’incliner avec respect devant leurs ossements pieusement conservés. Et durant ce temps, toi tu restes exposé, mais délaissé, sur l’autel, ô mon Dieu, toi le Saint des saints, le créateur des hommes, le roi des Anges ! C’est parfois la curiosité, le désir de découvrir des choses nouvelles qui font entreprendre ces pèlerinages dont on ne retire aucun enrichissement, car on n’est pas guidé par un véritable esprit de contrition. Mais ici, dans le sacrement de l’autel, tu es présent tout entier, ô Christ Jésus, vrai Dieu et vrai homme, et on peut recueillir en abondance les fruits du salut éternel toutes les fois qu’on te reçoit dignement et avec humilité » (IV, 1, 3 et 9).
Père Jean-Pierre